Comment expliquer la baisse des taux d’intérêt ?

Si vous voyez les taux d’intérêt baisser, la cause pourrait être mondiale : demande excessive d’actifs « sans risque », baisse de la productivité et politique monétaire. Dans une économie caractérisée par une faible demande, la baisse du taux d’intérêt est souhaitable afin de stimuler la consommation et l’investissement tout en limitant les problèmes d’endettement. De plus, des taux d’intérêt bas entrainent des risques financiers. D’une part, il y a le risque d’apparition de bulles spéculatives autour de l’appréciation des prix des actifs alimentée par une politique monétaire non conventionnelle, et d’autre part, le risque de faiblesse des marchés financiers où les marges de courtage se réduisent. Mais comment expliquer concrètement la baisse des taux d’intérêt ?

Un taux d’intérêt réel masqué par le taux nominal

À première vue, la banque centrale est le seul organisme qui puisse déterminer le taux d’intérêt, et seul ce dernier est responsable d’un faible taux d’intérêt. Cependant, cela s’applique à un taux d’intérêt très spécifique, comme l’intérêt nominal à court terme. Il s’agit d’un taux d’intérêt habituel qui indique un prix entre 1 franc d’aujourd’hui et 1 franc de demain pour une période de temps spécifique. Mais les décisions économiques sont basées sur les taux d’intérêt réels. Il représente le prix entre l’article (ou le panier d’articles) d’aujourd’hui et le même article dans le futur.

En réalité, il affiche donc le ratio de pouvoir d’achat pour deux périodes. Si vous économisez 100 euros aujourd’hui, vous toucherez 110 euros dans un an (à un taux d’intérêt nominal de 10 %). Avec 100 euros aujourd’hui, vous pouvez obtenir autant de biens que vous épargneriez et dépenseriez en un an. Dans ce cas, le taux d’intérêt réel serait de 0 %. D’ailleurs, vous pouvez vous rendre sur tauxdinteret.org pour en savoir davantage sur la conséquence de la hausse des taux d’intérêt et de sa baisse.

Le sens de la causalité dépend de l’horizon

À court terme (disons 1 an), la causalité passe des taux d’intérêt nominaux aux taux d’intérêt réels. L’inflation est actuellement très faible, car les entreprises n’ajustent pas leurs prix immédiatement après une modification de politique monétaire. Lorsque la banque centrale modifie le taux d’intérêt nominal, le taux d’intérêt réel change également, affectant le fonctionnement de l’économie. La situation est assez différente sur une période plus longue, environ 10 ans. L’inflation n’est pas gelée, car les entreprises ont tout le temps de modifier les prix au besoin.

Les taux d’intérêt réels reflètent des facteurs structurels tels que la croissance économique, la démographie et la patience des épargnants. Ceci est indépendant du côté nominal de l’économie et de l’objectif poursuivi par la politique monétaire (comme un taux de change fixe ou un objectif d’inflation spécifique). Par conséquent, la causalité continue des taux d’intérêt réels vers les taux d’intérêt nominaux. Ce dernier représente simplement le taux d’intérêt réel additionné du taux d’inflation anticipé sur la période considérée, qui est à peu près l’objectif d’inflation de la banque centrale.

Impact des taux bas sur les différents acteurs économiques

Une baisse des taux d’intérêt va entrainer une réduction des marges d’intermédiation bancaire, une revalorisation des actifs obligataires et un transfert de revenus des créanciers vers les débiteurs. Les 2 premiers canaux sont souhaitables, car ils peuvent stimuler la demande. Toutefois, ils peuvent également poser des problèmes (inégalités entre ménages ou retraites par capitalisation). Ce dernier représente un effet secondaire indésirable qui pourra causer des problèmes à long terme. Des taux d’intérêt bas profitent aux gouvernements et entrainent des effets redistributifs entre les ménages. Au niveau du secteur financier, la baisse des taux d’intérêt et l’aplatissement de la courbe des rendements, combinés à des exigences prudentielles accrues, entrainent un resserrement des marges d’intermédiation pour les banques. Ce phénomène est cumulatif, les actifs plus anciens du portefeuille étant progressivement remplacés par des actifs à taux plus bas.